Transports en commun, hôtels, écoles, etc. les punaises de lit s’invitent de plus en plus dans les espaces publics. Le risque que ces nuisibles apparaissent sur votre lieu de travail est donc réel. En cas d’infestation, de nombreuses questions se posent aussi bien pour les salariés que pour l’employeur. Responsabilité, possibilité de télétravail, ce que dit la loi, mesures à prendre, voici tout ce qu’il faut savoir si des punaises de lit sont présentes dans les locaux de votre entreprise.
Les informations clés
➡️ L’employeur a une obligation légale de protéger la santé physique et mentale des salariés et doit agir rapidement en cas d’infestation de punaises de lit.
➡️ Le télétravail peut être mis en place d’un commun accord si les locaux sont infestés, mais il ne constitue pas un droit automatique. Il ne peut être imposé ni par le salarié, ni par l’employeur.
➡️ Le droit de retrait n’est applicable que si aucune mesure de protection n’a été prise et que le danger est avéré.
➡️ Un salarié ayant des punaises chez lui peut continuer à travailler, à condition d’adopter des gestes préventifs simples (tenue propre, sac hermétique, stockage isolé).
➡️ La prévention est essentielle, aussi bien pour les salariés (checklist quotidienne) que pour les employeurs (sensibilisation, casiers, nettoyage, traitement vapeur ou détection canine).
Punaises de lit dans une entreprise : la responsabilité de l’employeur
Ces insectes, qui se nichent habituellement dans la literie, les matelas ou les sommiers, peuvent aussi s’installer dans les bureaux, salles de repos, et autres pièces de votre lieu de travail. Leur apparition dans une entreprise entraîne une obligation légale pour l’employeur.
👉 Le Code du travail (art. L. 4121-1) indique : l’employeur doit prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale de ses employés.
Les punaises de lit sont considérées par le ministère de la Santé comme un risque physique et mental. Outre les piqûres et démangeaisons qui peuvent provoquer des réactions allergiques, ces nuisibles peuvent aussi être source de stress et d’anxiété chez les salariés (voir notre article sur les risques psychologiques liés aux punaises de lit).
Par conséquent, en cas d’infestation, l’employeur doit mettre en place les mesures nécessaires :
- faire réaliser un diagnostic précis par une entreprise spécialisée,
- mettre en place un traitement adapté pour éliminer punaises, œufs et larves,
- fournir du matériel adapté comme des gants pour éviter d’être piqué
- informer et rassurer les salariés sur les démarches entreprises,
- limiter la propagation éventuelle vers les logements privés des employés.
Punaises de lit et télétravail : la réglementation en vigueur
Un salarié peut-il demander du télétravail si son lieu de travail est infesté par des punaises de lit ?
Lorsqu’une infestation de punaises de lit est confirmée dans les locaux professionnels, la question du télétravail se pose immédiatement. Les salariés peuvent légitimement craindre d’être piqués sur leur lieu de travail ou de ramener ces insectes nuisibles chez eux.
Il faut donc consulter les modalités existantes de recours au télétravail au sein de l’accord collectif ou de la charte d’entreprise.
Si rien n’est prévu, employeurs et salariés peuvent convenir d’un recours au télétravail d’un commun accord. Cette solution temporaire est d’ailleurs tout indiquée pour limiter la propagation et traiter l’infestation.
Sans rentrer dans la psychose, on rappelle que les punaises peuvent voyager facilement d’un lieu à un autre à travers les sacs, vêtements, textiles (sièges de voitures ou de fauteuils par exemple) et autres objets.
Un salarié peut-il imposer le télétravail à son employeur en cas d’infestation ?
Non, le télétravail n’est pas un droit automatique, mais il peut être négocié entre l’employeur et le salarié.
L’employeur peut-il imposer du télétravail à un salarié dont le domicile est infecté ?
La réponse n’est pas encore tranchée juridiquement. Une contamination par des punaises de lit peut toutefois légitimement être considérée comme une circonstance exceptionnelle imposant le télétravail aux salariés. En pratique, un traitement professionnel nécessite d’évacuer les lieux et ne permet donc pas la continuité de l’activité de l’entreprise en présentiel.
Le droit de retrait s’applique t-il pour les punaises de lit ?
Le droit de retrait permet à un salarié de quitter son poste ou de refuser de travailler s’il estime être exposé à un danger grave et imminent pour sa santé ou sa sécurité (article L.4131-1 du Code du travail). Ce dispositif est souvent invoqué pour des risques liés aux machines, aux produits chimiques ou aux conditions de travail dangereuses.
Peut-on exercer ce droit de retrait pour les punaises de lit ?
Selon la jurisprudence, 2 cas de figures se présentent :
- Droit de retrait possible si aucune mesure n’a été prise par votre employeur et que vous présentez de multiples piqures ou réactions allergiques.
- Droit de retrait non applicable si l’employeur a mis en place des mesures de protection.
Le télétravail s’il est possible reste un bon compromis.
Puis-je aller au travail si j’ai des punaises chez moi ?
Découvrir des punaises de lit dans son logement est déjà source de stress… alors l’idée de les transporter sur son lieu de travail peut vite devenir angoissante.
Faut-il pour autant s’isoler et arrêter d’aller au bureau ? La réponse est non. Il est important de rappeler que les punaises de lit ne transmettent aucune maladie.
Vous pouvez continuer à travailler, à condition de prendre quelques précautions simples :
- Changez-vous avant de partir : portez une tenue propre lavée à 60°C ou passée au sèche-linge chaud.
- Utilisez un sac hermétique pour transporter vos affaires indispensables.
- Évitez les textiles volumineux (manteaux, plaids, écharpes) qui offrent plus de cachettes aux punaises.
- Stockez vos affaires isolées au bureau (casiers fermés, sacs étanches).
À lire aussi : Les causes d’une infestation de punaises de lit.
Un salarié peut-il demander un arrêt de travail en cas d’infestation de punaises de lit ?
Oui, lorsqu’on a des punaises de lit chez soi, il est possible de demander un arrêt de travail à son médecin dans les cas suivants :
- Réactions cutanées importantes : démangeaisons sévères, allergies, infections suite aux piqûres.
- Troubles du sommeil causés par l’anxiété et les piqûres nocturnes, entraînant une grande fatigue.
- Impact psychologique reconnu : stress, anxiété ou symptômes proches d’un trouble post-traumatique, déjà documentés dans des études médicales.
En revanche, le simple fait que son bureau ou son lieu de travail soit infesté ne justifie pas un arrêt de travail. Le salarié doit consulter son médecin, qui évaluera si son état de santé nécessite un repos ou un traitement adapté.
Quels traitements contre les punaises de lit dans une entreprise ?
Lorsqu’une infestation est détectée dans les locaux professionnels (bureaux, salles de réunion, etc.), il est impératif d’agir rapidement. Les punaises de lit se déplacent facilement d’un endroit à un autre via les effets personnels des salariés, les canalisations, prises électriques, etc. En quelques semaines, un bâtiment tout entier peut être contaminé.
Avant toute chose, il faut s’assurer qu’il s’agit bien d’une infestation de punaises de lit et si oui, déterminer son stade d’avancement pour proposer le bon protocole.
Il est conseillé de faire venir un professionnel avec un chien renifleur. La détection canine est une méthode fiable à 95%.
Il faut ensuite faire appel à un professionnel certifié qui propose 2 types de traitements.
1. Les traitements thermiques
La chaleur à haute température ou le froid sont efficaces contre les punaises de lit.
En pratique, les professionnels utilisent notamment des nettoyeurs vapeur sèche (120°C minimum) qui tuent immédiatement les insectes et les œufs.
Pour traiter les gros volumes rapidement, on peut aussi avoir recours à une étuve thermique comme le BegBuster de Nocibilis. Il s’agit d’une sorte de container équipé d’une ventilation haute température qui permet de tuer les punaises et leurs oeufs en 2h.
Bon à savoir : l’ANSES recommande de privilégier les traitements thermiques plutôt que les insecticides qui sont plus nocifs pour la santé.
2. Les traitements chimiques
L’application d’insecticides est parfois indispensable en cas d’infestation persistante.
Attention, seul un désinsectiseur agréé Certibiocide est habilité à utiliser ce type de produits.
Les produits ont généralement un double effet :
- Effet choc, qui tue les punaises au contact immédiat.
- Effet rémanent, qui agit pendant plusieurs semaines pour éliminer les insectes qui éclosent après coup.
Pour un protocole efficace, il faut effectuer au moins deux passages espacés de 7 à 10 jours.
Salariés : les mesures à prendre pour ne pas infecter votre lieu de travail
Les punaises de lit ne font pas de différence entre votre chambre et votre bureau : elles cherchent uniquement à se rapprocher d’une source de nourriture à savoir du sang humain. Un simple vêtement ou un sac contaminé peut suffire à introduire ces insectes sur votre lieu de travail.
Pour protéger vos collègues et éviter une propagation, voici les gestes essentiels à adopter :
Checklist avant d’aller au bureau
✅ Je ne prends que l’essentiel (ordinateur, papiers, téléphone).
✅ Mes vêtements du jour sont propres et lavés à 60°C ou passés au sèche-linge chaud.
✅ J’ai rangé mes affaires dans un sac hermétique bien fermé.
✅ Si besoin, j’ai une tenue de rechange spécifique au travail, transportée à part.
✅ Mes manteaux, écharpes ou textiles volumineux sont évités ou traités.
✅ Je prévois un espace isolé au bureau pour stocker mes effets.
👉 Ce petit rituel quotidien réduit fortement les chances d’emporter une punaise de lit avec vous, tout en rassurant vos collègues.
Signalez la situation en toute transparence
Avoir des punaises de lit chez soi n’a rien de honteux : elles touchent tous les milieux sociaux et leur présence n’est pas lié à un manque d’hygiène
Informer votre employeur permet d’adopter rapidement des mesures de prévention collectives (vérification canine, mise en place de housses anti-punaises dans les vestiaires, sensibilisation des salariés, etc).
Employeurs : les mesures de prévention à prendre
1. Sensibiliser vos salariés
Les punaises de lit ne sont pas liées à un manque d’hygiène et peuvent toucher n’importe qui.
Informez vos collaborateurs :
- sur les gestes à adopter à domicile et au bureau (via l’affichage d’une checklist par exemple),
- sur l’importance de signaler rapidement une suspicion, sans crainte de stigmatisation.
2. Aménager des espaces de stockage adaptés
- Installez des casiers individuels fermés pour éviter que les sacs ou vêtements des employés restent posés dans les espaces communs.
- Privilégiez les surfaces lisses et non poreuses (métal, plastique) plutôt que le bois ou les textiles, où les punaises adhèrent plus facilement.
3. Mettre à disposition du matériel préventif
- Des sacs hermétiques réutilisables pour ranger les effets personnels.
- Des sprays répulsifs contre les punaises de lit.
- Des housses anti-punaises pour les fauteuils ou canapés des salles de repos.
- Des aspirateurs avec embouts fins pour permettre un nettoyage régulier des zones sensibles.
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4. Assurer un entretien rigoureux des locaux
- Programmez un nettoyage approfondi régulier, en insistant sur les plinthes, fissures et textiles.
- Évitez les accumulations (cartons, textiles, encombrants) qui servent de refuges aux punaises.
- Si des fauteuils ou canapés sont très utilisés, planifiez un traitement vapeur ponctuel : en quelques secondes, la chaleur détruit adultes et œufs.
5. Aller plus loin : la prévention active
Certaines entreprises choisissent d’intégrer dans leur politique QVT (Qualité de Vie au Travail) :
✅ un partenariat avec une société spécialisée
✅ des contrôles préventifs réguliers (par exemple détection canine une fois par an)
✅ des sessions d’information pour rassurer et former les équipes.
